3 Octobre 2018
Bonjour,
L'une des premières raisons qui m'a amené à débuter un parcours ETP a été mon obésité.
Je vous en ai parlé dans l'article MON TEMOIGNAGE, dans mon parcours de soins j'ai subi une chirurgie bariatrique, une sleeve gastrectomie.
Je vous fait part aujourd'hui de mon retour "d'expérience" à ce sujet. Je vais vous dire ce qui a changé pour moi, au niveau de mon poids, bien sûr, mais plus généralement de ma santé. Les bénéfices et les contraintes inhérents à l'opération, et au final dresser un bilan global pour savoir si oui ou non, je pense avoir pris la bonne décision.
Petite précision : je vous livre ici mon vécu, mon ressenti, mon expérience. Un autre patient n'aura peut-être aucun des désagréments dont je parlerai, un autre en aura peut-être encore plus. Le but est uniquement de vous faire partager MA vie d'opéré. 😉
Petit retour en arrière...
Le 16 juillet 2017, j'ai été opéré de l'estomac : une sleeve gastrectomie. Le matin de l'opération, je pesais 134 Kg (IMC < 45 = obésité morbide/profonde). Je souffrais d'apnées du sommeil (appareillé chaque nuit depuis plusieurs années), hypertension artérielle (médicaments matins et soirs) et troubles articulaires (principalement les genoux) ; cela fait partie des quatre principales pathologies associées à l'obésité (la dernière étant le diabète, mais je n'en avais pas, on ne peut pas tout avoir non plus, il faut en laisser un peu aux autres quand même ! 😄 ). Mon espérance de vie était également réduite à cause des risques d'accidents cardiovasculaires quant à mon obésité. 🤒
Voyons maintenant ce qu'il en est aujourd'hui, en octobre 2018...
Lorsque je publie cet article, 15 mois après l'opération, mon poids se stabilise aux alentours de 85 Kg. L'opération m'a donc aidé à perdre environ 50 Kg. Mon IMC est descendu à 29, je suis donc considéré comme étant en surpoids et non plus obèse, selon les barèmes de l'OMS.
Comment se traduisent ces (bons) chiffres dans ma vie, mon quotidien ?
Tout d'abord, l'opération m'a apporté du positif sur le plan médical : je ne fais plus d'apnées du sommeil. Bye bye la machine et le masque qui me faisait ressembler à Tom Cruise dans Top Gun 😎 mais sans la visière (oui bon ça va, on a le droit de rêver, rhooo 😄😄).
Mon hypertension artérielle a également complètement disparu, plus de traitement pour ça (je ne vais pas me plaindre d'avaler moins de "cachetons" à avaler) !
Sur le plan articulaire, par contre, aucune amélioration. De l'arthrose sévère a été diagnostiqué (dos et les deux genoux). La perte de poids a permis de soulager le surpoids sur les genoux, mais paradoxalement, les douleurs et les gênes ont augmenté (surtout dans le dos et le genou droit). Allez comprendre...🤔
NB : mes derniers examens semblent démontrer une maladie auto-immune, ce qui pourrait expliquer beaucoup de symptômes qui n'ont pas de lien avec l'obésité. Tout n'est pas nécessairement lié au poids, je suis "multi pathologique ! ". 😄
On peut donc dire que concernant les pathologies associées, mon espérance de vie et la prise de médicaments, l'opération a été bénéfique ! Mais vous allez voir que tout n'est pas si simple, si facile...🙄
Les repas, je mange quoi ?
Il est conseillé après une chirurgie bariatrique (par les diététiciennes et nutritionnistes) de privilégier les familles d'aliments dans l'ordre suivant :
- protéines (viandes, poissons, oeufs...)
- féculents (pâtes, riz, maïs...)
- légumes, fruits, produits laitiers
Aïe, on commence déjà par parler de choses qui fâchent ! Pour être on ne peut plus clair, je ne fais AUCUN repas normal. Par normal, j'entends : une petite entrée de crudités ou autre, un plat avec son accompagnement (féculents, légumes) et fromage ou dessert (euh comme tout le monde quoi 🙄😄).
Je ne peux pas boire et manger en même temps.
L'estomac étant très petit (principe même de la sleeve, qui, pour rappel, consiste à enlever environ les 2/3 de l'estomac ), si je le remplis avec du liquide, je n'ai plus de place pour le reste et réciproquement. J'arrive parfois à associer mon alimentation avec un peu de boisson, sur les longs repas (style repas dominicaux en famille) à "gérer" mes quantités, en prenant bien le temps (j'y reviens plus bas dans l'article, quand j'aborde les répercussions sociales de l'opération).
L'opération a induit en moi (c'est français ça comme tournure ? 🤔 ) un rejet, voire un dégoût pour certains aliments, certaines textures.
Typiquement, je ne peux plus manger de viande rouge. Quelle que soit la cuisson (de crue à bien cuit, en passant par le saignant, le bleu et tout ce que vous voulez), ça ne passe plus. Le pain (et plus particulièrement le pain blanc), même plus en rêve. Ca forme une sorte de boule que je sens descendre dans l'oesophage et ça fait mal.
La saveur de certains aliments a également complètement changé. Par exemple, j'adorais la mousse de marrons, maintenant ça m'écoeure. Je ne mangeais pas beaucoup de produits frits avant l'opération (frites, nuggets, beignets...) mais là, rien que l'odeur...🙄
Avant de me faire opérer, je faisais partie des salés. Je mangeais peu de gâteaux, et quasi jamais de dessert (peut-être une fois l'an et encore). Je vous le donne en mille Emile (ou Robert ou Patrick, je ne connais pas les prénoms de tout le monde 😄), maintenant c'est l'inverse ! Le salé ne m'attire presque plus ; par contre, je me tape des "fringales" de sucré, et dans ces cas-là, les Petits Beurres sont mes meilleurs amis.
Oui, vous pouvez le penser et le dire, je suis "légèrement" dérèglé 🙄
Au final, mon alimentation consiste en : viandes blanches, poissons, très peu de féculents (à part quelques biscottes et les fameux Petits Beurres), pas mal de laitages et légumes/fruits. Plus concrètement, je vous détaille mon dernier repas : 75 g de poulet, 2 biscottes et 2 Kiris. Et un repas sur deux en moyenne, c'est comme ça.
Donc, je ne fais pas un repas NORMAL.
Là où avant l'opération, j'avais du plaisir à manger, à déguster un bon plat, maintenant je mange par faim, par obligation, par compulsion parfois, mais plus par plaisir. J'aime toujours autant passer à table, parce que c'est un bon moment, on partage, on échange, on discute...mais rien de plus.
Personne (dans l'équipe pluridisciplinaire en charge de mon dossier pré-opératoire) ne m'avait dit que certains opérés voyaient leurs goûts changer (et pourtant depuis, j'ai eu plusieurs retours de patients à qui c'est arrivé). 😒
Les répercussions sur ma vie sociale ?
Je ne dirai pas qu'il y a nécessairement une modification des liens sociaux après une opération de l'estomac ; je parlerai plus d'adaptation. Il faut garder en tête qu'aux vues des quantités qu'on peut ingérer, des types de textures que l'on supporte et de nos goûts/envies, on ne fait plus les choses comme "avant". Je vais toujours de temps en temps au restaurant, parce que j'apprécie ces moments partagés. Mais...
- Que prendre ?
- Quoi choisir ?
- Je peux prendre le menu enfant même si j'ai 43 ans ? Nan, je demande, on ne sait jamais 🙄, parce que ça fait moins dans l'assiette et du coup, moins de gaspillage ! 😄
- Je peux emporter les restes ?
- Vous me faîtes un prix si je prends une 1/2 portion (ben quoi, faut tenter ! 😄 ) ?
Pas évident tout ça !
Quand je reçois de la famille ou des amis à la maison, je fais la popotte (j'ai toujours aimé ça), mais soit je me mets de côté un petit peu du plat "adapté pour que ça passe", soit je mange autre chose. Quand je suis invité, c'est plus compliqué : la famille ou amis très proches sont très conciliants et ont toujours une petite attention (merci à eux d'ailleurs au passage pour leur gentillesse 🤗), mais pour les autres occasions, je me retrouve parfois à regarder les convives déguster leur plat pendant que moi....ben... j'attends (ou j'en profite pour faire la vaisselle du coup 🙄😄)
Vous l'aurez compris, c'est moins facile qu'avant. Pas impossible, mais moins facile.
Je vous le concède, notre vie sociale ne tourne pas uniquement autour du Repas, mais force est de reconnaître que de part notre mode de vie, notre culture (ah, la gastronomie française), partager un repas est un moment important dans nos interactions sociales (que ce soit au niveau intime/personnel ou professionnel).
La perception et l'estime de soi ?
Que voit-on quand on se regarde dans un miroir ?
Des études ont démontré que le cerveau des anciens obèses met entre 12 et 18 mois à "comprendre" que le physique a changé.
Chez certaines personnes, ce sera plus rapide, chez d'autres ce ne sera jamais le cas. La perception que l'on a de soi quand on est obèse diffère suivant les personnes : certaines s'acceptent telles qu'elles sont, d'autres seront complexées et n'oseront pas se mettre en avant devant les autres.
Pour ma part, je dois avouer que j'avais du mal avec mon apparence, l'image que je me renvoyais et que je renvoyais aux autres.
Le regard des gens peut faire très mal et profondément blesser (et je ne parle même pas des mots à demi-cachés ou dits à haute voix qu'on entend parfois). Quand on a du mal à faire rentrer son popotin dans ces fichus fauteuils de jardin "qu'on jurerait que ce sont des sièges pour enfants taille 6 ans tellement ça coince", quand on du mal à nouer ses lacets sans être en apnée ou à se couper les ongles des pieds sans piquer une suée, vous comprenez qu'on puisse se sentir mal à l'aise avec les autres (tout cela est du vécu).
Maintenant, pour moi, tout cela est du passé. Je ne suis plus obligé de me diriger au rayon "Grande Taille" des magasins (quand il y en a un). Je ne suis plus obligé de choisir la couleur de mes fringues par rapport aux tailles disponibles ; s'en est presque enivrant d'avoir autant de choix ! 😄
J'ai toujours été quelqu'un de très sociable, mais je pense que ma perte de poids a accentué cet aspect de ma personnalité.
Attention par contre à ne pas tomber dans l'extrême non plus. J'ai eu plusieurs retours de proches d'anciens obèses qui étaient devenus soit très imbus d'eux-mêmes, soit aigris alors qu'ils étaient enjoués. C'est compliqué ce cheminement psychologique (d'où la nécessité d'avoir un protocole pré-opératoire correct et une très bonne préparation personnelle).
Finalement, si c'était à refaire, je le referai ou pas ?
En résumé, après un peu plus d'un an, qu'est-ce que je peux dire de mon opération ?
J'ai perdu près de 50 Kg, je m'habille comme je veux (et où je veux), je suis encore plus ouvert aux autres que par le passé parce que la perte de poids m'a apporté de la confiance en moi MAIS je ne mange pas normalement, l'alimentation est problèmatique.
Alors, est-ce que, avec ce recul, en sachant tout ce qui pourrait changer dans ma vie, je déciderai de me faire opérer ? 🤔
OUI, sans aucune hésitation, OUI !
Pourquoi ?
Parce que les désagréments et contraintes ne sont "pas grand chose" (pour moi) en comparaison de tout le reste, toutes ces bonnes choses et ces bons moments. Parce que, dans ma préparation à la chirurgie, je me suis préparé correctement. J'ai fait un gros (doux euphémisme pour un obèse, non ?) travail sur moi, une introspection pour savoir si j'étais "capable" d'endurer cette opération.
Personne ne m'a forcé. C'est une décision que j'ai prise en accord avec mon épouse (je lui disais toujours : "ce n'est pas moi qui me fait opérer, c'est nous").
Après un long cheminement, un parcours avec des hauts et des bas, sachant ce qui pouvait m'attendre, j'ai pris une décision que j'ai pensé et que je pense toujours être bonne pour moi.
Une sleeve (ou un bypass), c'est un projet de vie ; un projet qui se réfléchit, qui se construit, qui se mûrit et qui aboutit. L'opération n'est pas une baguette magique. Ce n'est pas un remède miraculeux pour guérir. La chirurgie, s'il est pratiquée, doit s'inscrire dans un programme de prise en charge globale et adaptée. On ne résout pas tout d'un coup de bistouri.
Sans une bonne préparation psychologique préalable, l'opération ne sert à rien !
Je pars également du principe qu'on ne "guérit" jamais vraiment de l'obésité. Si on n'adopte pas une hygiène de vie, une alimentation saine et équilibrée, une activité physique régulière, les kilos perdus seront repris.
D'autres patients, qu'ils aient pris la décision de se faire opérer ou non, pourront vous en parler différemment. Je ne vous livre ici que ma propre expérience. 😉
Si vous avez des questions sur un élément précis de ce bilan, n'hésitez pas à laisser un commentaire.
Si vous-même ou l'un de vos proches envisagez une chirurgie bariatrique et que vous avez besoin de renseignements, d'informations ou tout simplement l'envie de discuter avec quelqu'un qui l'a fait, n'hésitez pas me contacter, je vous répondrai avec plaisir et du mieux possible.
Prenez soin de vous 😉
Olivier